Un souffle ethnique sur un air de jazz
Thelonious Monk est une figure majeure de l’histoire du jazz. Considéré comme un des précurseurs du be-bop, courant né de l’association de musiciens afro-américains qui souhaitaient se libérer de la discipline des big-bands, Thelonious Monk a marqué son époque par des compositions bousculant les codes du rythme, de l’harmonie et de la mélodie. Avec le souhait d’arranger sa musique à la sauce ethnique, Franck Monbaylet, pianiste et compositeur, s’est entouré de Luis Rigou, flûtiste, Hélène Arntzen, saxophoniste, Mokhtar Samba, batteur et percussionniste. Entretien avec Franck Monbaylet.
D’où vient votre passion du jazz ?
« Au début des années 90, alors que j’évoluais dans les clubs toulousains, j’aspirais à m’échapper du carcan des musiques. Le jazz m’offrait une liberté rythmique et harmonique. Je me suis lancé dans cette aventure sans connaître les merveilleux artistes qui ont façonné cette musique. À l’époque, Toulouse était dotée de nombreux clubs de jazz et j’ai eu la chance de jouer avec des musiciens qui ont rapidement acquis une réputation. C’est dans ce parcours atypique que j’ai découvert la musique de Thelonious Monk. Je le considérais comme un chercheur génial qui poussait les limites harmoniques et rythmiques avec une liberté déconcertante. Après avoir navigué dans d’autres océans musicaux, de l’Afrique à l’Amérique du Sud en passant par l’Orient, j’ai commencé à mêler des musiques différentes dans mon jeu pianistique et dans mes compositions. »
Comment est née l’idée de ce concert ?
« En 2005, l’ADDA 31 m’a donné carte blanche et j’ai tout de suite pensé à jouer Monk différemment. Pour cela, j’ai appelé Luis Rigou, flûtiste hors pair, qui joue des instruments comme l’ocarina, la kena, flûte des Andes, Helene Arntzen, merveilleuse saxophoniste norvégienne au son envoûtant, et Mokhtar Samba, un maître de la musique africaine à qui j’ai demandé de jouer des percussions au lieu de son instrument de prédilection, la batterie. Le succès de ce concert a poussé Luis Rigou à me demander de continuer cette aventure. Un disque la concrétisera en novembre, avec l’appoint du contrebassiste Marc Michel Lebevillon. Voilà l’esprit avec lequel nous allons jouer « Ethno Monk » dans le cadre des Journées magiques de l’Atelier imaginaire. »
Lundi, dans la salle de la Pyramide, avait lieu une soirée dans le cadre de la tournée annuelle Lettres d’automne (vingtième édition). Le succès a été au rendez-vous de ce spectacle présenté à Molières par Confluences, association montalbanaise présidée par Nicole Petit. Le public a d’abord pu apprécier un passionnant monologue d’Alberto Ruy Sànchez, écrivain mexicain de notoriété mondiale, qui devait expliciter avec humour son cheminement vers l’exploration du désir. Sa découverte, il y a trente-cinq ans, de Mogador (Maroc), a été pour lui un choc intellectuel. Entre autres, la vision d’un troupeau de chèvres sur des arganiers devait à tout jamais changer sa façon de voir les choses! C’est d’ailleurs lors de cette villégiature marocaine que sa fibre d’écrivain s’est étoffée et qu’a débuté l’édification de son œuvre. En seconde partie, Maurice Petit devait lire à haute voix, et avec son talent notoire, divers textes et poèmes. La magie de ses mots a été sublimée musicalement par la saxophoniste norvégienne Hélène Arntzen et le flûtiste argentin Luis Rigou. Mais ces trois artistes émérites ont montré également, au travers d’un judicieux télescopage culturel international, leur capacité à dire, chanter et jouer de divers instruments face à un public qui a ponctué chacune de leurs prestations par de longs applaudissements.
Pour clore cette édition anniversaire des 20 ans, Éclats de voix va mettre la barre très haut, ce dimanche après-midi. Dans la fraîcheur de la cathédrale (une vraie bénédiction avec les 35° annoncés à l’ombre), les festivaliers ne manqueront pas, à partir de 17 heures, la «Misa Criolla», œuvre majeure de la musique sacrée du XXe siècle, interprétée par l’ensemble La Chimera accompagné par le Chœur de chambre de Pampelune. Composée en 1964 par l’Argentin Ariel Ramirez, la Misa Criolla est l’une des premières messes écrites en espagnol. Cette œuvre reprend les cinq parties de la messe (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei) en conciliant rythmes, formes musicales et instruments de la musique traditionnelle argentine et bolivienne. Pour rendre son lustre et son actualité à cette partition cinquantenaire, le compositeur et luthiste Eduardo Egüez, directeur artistique de la Chimera, lui apporte aujourd’hui des accents baroques, mêlant aux saveurs du charango (petite guitare), des flûtes ou des percussions indiennes, le timbre des violes de gambe et de la harpe.
			
			

