Tango Primeur – Cuarteto Cedrón

Cuarteto Cedrón

Juan Cedrón | voix, guitare
Luis Rigou | flûte
Gabriel Rivano | bandonéon
Ricardo Moyano | guitare
Román Cedrón | contrebasse
Miguel Praino | alto

Enregistré à la Comédie des Champs-Elysées en juin 1990
Ingénieurs du son :
J-P. Pélissier et Thierry Rallet

Label EMEN / 1990

Le CUARTETO CEDRON présente dans cet album une série de tangos (El Porteñito, Qué noche !, El Boquiano, Cordon de Oro, La ultima cita, El Marne) atribués à la « première époque ». Autrement dit : présentés entre 1880 et l920.Il s’agit d’un tango déjà bien défini, structuré dans sa forme et qui peut être considéré comme le résultat d’une longue évolution initiée dès le 16e siècle avec les rythmes introduits par les esclaves noirs, sur les deux rives du Rio de la Plata (Buenos Aires et Montevideo).Le tango descend en ligne directe de la « milonga »,
danse des noirs du Rio de la Plata qui, elle·même, a pour antécédent immédiat le « candombe ». Ce dernier désigne à la lois un rite des noirs du Rio de la Plata et la musique qui accompagne la cérémonie rituelle.
Outre l’influence de la « milonga » et du « candombe », on reconnaît dans les premiers tangos des éléments -surtout rythmiques- du« danzón » cubain et de la « habanera ». A ces éléments se sont ajoutés les apports des sensibilités des millions d’immigrants italiens, espagnols, allemands, français, juifs d’Europe Centrale, polonais, russes… qui ont commencé à arriver à Buenos Aires à partir de 1860, et qui allaient faire du tango une des premières musiques urbaines : les premiers tangos nous restituent une certaine mémoire. Tango ancestral, enfance du tongo, tango « en sa primeur », criollo et encore naïf, recélant dans ses accents rythmiques les échos lointains des fêtes des quartiers noirs de Buenos Aires et de Montevideo.
Notre très cher Raul Gonzalez Tuñón a su parler de ce « Tango parfumé par les tresses des femmes ou regard sombre et profond comme la tombée du jour sur les faubourgs, qui fleuraient bon le chèvrefeuille et le jasmin du pays… Tango moqueur, frais, ingénu, salutaire… Tango en fleur, tongo fleur, tango cœur, tango rue… Tango qui empreint l’âme populaire expression de Buenos Aires et de ses berges… Tango qui ne demandait qu’à être dansé dans les patios, dans la rue, ce tango frère des valses criollos et de la vieille polka… ».
Ensuite, il y eut l’autre tango, celui que l’on chante (Los Moreados – Naranjo en flor – El ultimo Organito – Flor de lino). A partir des années 20, une génération d’écrivains et de poètes, qui exerçaient leurs talents dans le journalisme, le théâtre … ont créé une véritable littérature du tango. Homero Manzi, Enrique Cadicamo, Homero Exposito entre autres étaient des intellectuels qui ne représentaient pas la culture officielle, mais qui ont su exprimer à travers le tango la solitude et la désespérance, l’abandon, le naufrage des illusions, la douleur des êtres.
Inventeurs d’un chant profond et irrévocablement urbain qui, à travers le temps -« mémoire et oubli » selon Borges- a su être l’expression grave, ironique et nostalgique de tout un peuple.


El Porteñito
El Marne
La Ultima Cita
¡Qué Noche!
Naranjo En Flor
Los Mareados
A Evaristo Garriego
El Ultimo Organito
Flor De Lino
Cordon De Oro
Doña Maria
El Baquiano
Milonga De Mis Amores