BENJAMIN FONDANE

Benjamin Fondane
Crier jusqu’à la fin du monde

Eve Griliquez | direction artistique, récitation
Yves-Jacques Bouin | récitation
Jacques Grober | chant
Micha Nisimov | accordéon
Luis Rigou  | flûtes
Helene Arntzen | saxophones

 

Label Faubourg du Monde

ch-cros_ptCoup de cœur de l’Académie Charles Cros

 


Poètes de France par droit d’origine ou en exil, ils furent quelques-uns assassinés par l’occupant nazi dont nous gardons la juste mémoire: Max Jacob, Robert Desnos, Saint-Pol Roux dit le Magnifique, d’autres, moins connus. Mais nous pensons que, dans cette fratrie d’élection, Benjamin Fondane est par trop oublié.

Eve Griliquez, qui s’est vouée de longue date au service des poètes et de la chanson comme on entre en religion, met pour un mois à l’affiche Benjamin Fondane, qui fut en son temps Ä le nôtre Ä un gazé d’Auschwitz pathétique et… discret.

Reconnu par une poignée d’enthousiastes, négligé par le plus grand nombre, peut-être verra-t-on enfin cette œuvre rare, qui fut rééditée seulement en 1996, à sa place reconnue, une œuvre qui témoigne avec chaleur d’un temps de cruauté (Artaud). En cette période où le procès Papon a remis en mémoire l’étendue de la notion nouvelle de crimes contre l’humanité, il est impératif de redécouvrir cette poésie et de savoir que Fondane était d’un des derniers convois partis de Drancy en 1944. Cette année, on fête le centenaire de sa naissance à Iasi; un film a été réalisé par la cinéaste Ana Simon; un colloque se tiendra à Royaumont et un numéro spécial de la revue « Europe » lui est consacré. Rencontre avec Eve Griliquez à propos de celui qui s’était engagé à « Crier toujours jusqu’à la fin du monde!… »

Eve Griliquez, vous avez proclamé de nombreux poètes à travers vos spectacles de poésie, parmi eux : Nazim Hikmet, Boris Vian, Robert Desnos, les poètes yiddish, latino-américains… Vous avez aimé associer aux poèmes la musique et la chanson. Aujourd’hui, vous éveillez l’attention sur Benjamin Fondane, comment avez-vous rencontré son œuvre?.

Par Claude Sernet, son ami. Ils étaient quelques poètes roumains venus en 1923 à Paris: Sernet, Voronca, Fondane. Ce dernier, mort en 1944, Auschwitz-Birkenau, est resté méconnu. Après la Libération, une revue « les Cahiers du Sud », auxquels il avait collaboré, lui a consacré un numéro, puis plus rien. Jusqu’en 1965, où Sernet a édité « l’Exode », toutes ses œuvres de philosophie parues avant la guerre avaient disparu. J’ai été impressionnée par la « Préface en prose », un de ses poèmes paru chez Plasma, « le Mal des fantômes ». Puis l’édition a fait faillite. Grâce à l’acharnement de Michel Carassou, qui a monté une maison d’édition, Paris-Méditerranée, en 1996, on peut lire enfin ses poèmes, plus son œuvre roumaine traduite en français.

L’Humanité | 19/10/1998