TANGO SECRET


Duo Bishop / Rigou

Luis Rigou | voix, flûtes
Céline Bishop | piano

 

 

Label : TAC / Faubourg du Monde (2019)

fff Télérama


L’histoire que raconte TANGO SECRET commence à la fin du XIXe siècle dans les faubourgs de Buenos Aires et de Montevideo, près des mataderos, ces immenses entrepôts où les gauchos venaient apporter le bétail destiné à l’abattage. Dans ces mauvais quartiers, noyés sous d’énormes quantités de viande, de boue et de sang, est né le tango.

C’est cette histoire riche, crue, violente mais toujours sensuelle, que la pianiste Céline Bishop et le chanteur et flûtiste Luis Rigou nous font découvrir. Ils nous racontent les mutations et les influences de cet opéra miniature qu’est le tango et s’attachent à en exhumer quelques perles rares et oubliées.

Dans cet album sensible et expressif où les tangos des origines se croisent avec les milongas et autres valses criollos, ils rendent un hommage vivant et sincère, à cette musique de l’âme qui nous éblouit.

Le duo a eu le plaisir d’inviter des musiciens exceptionnels : Helene  Arntzen au saxophone, Eduardo Egüez à la guitare, Per Arne Glorvigen et Eduardo García au bandonéon, Santiago Quagliariello à la contrebasse et Laurent Compignie au Fender Rhodes et à la basse.


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Nous pouvons discuter le tango et nous le discutons,
mais il renferme, comme tout ce qui est authentique,
un secret.

Jorge Luis Borges

 

 



 

Ancien flûtiste du Cuarteto Cedrón, l’Argentin Luis Rigou s’est fait connaître à l’international (soixante disques d’or) sous le nom de Diego Modena, en jouant de l’ocarina à la sauce variète world des années 90. Il est resté fidèle à ses flûtes (droite, andine, traversière), mais on lui découvre aujourd’hui une voix à la patine émouvante, gorgée de la nostalgie de ses années portègnes et délicatement vieillie par trente années d’exil.

Avec la pianiste Céline Bishop et leur escorte hétéroclite (saxo, bandonéon, piano Fender Rhodes…), le chanteur et musicien revient ainsi aux sources du tango, moins pour exalter la virilité des gauchos d’antan, qui maniaient le couteau et le mot doux avec l’esprit canaille des faubourgs de Buenos Aires, que pour retrouver la spontanéité des premiers bals populaires. Déterrant tangos canciones aux accents primesautiers et milongas oubliées, il en souligne la nostalgie sans apprêt. S’approprie également des standards sud-américains, telles une célèbre complainte de Simon Díaz (Tonada de la Luna Llena), une milonga déchirante d’Atahualpa Yupanqui, ou la fameuse Que nadie sepa mi suffrir, Angel Cabral (devenu La Foule par Edith Piaf).
Le tout résonne avec tendresse, comme le profond soupir d’un petit peuple aux passions éreintées.

Anne Berthod   Télérama   7/1/2020


A l’intérieur de l’album, une phrase de Jorge Luis Borges résume la situation :
« Nous pouvons discuter le tango et nous le discutons, mais il renferme, comme tout ce qui est authentique, un secret. »
Celui que pratiquent ici Céline Bishop (piano) et Luis Rigou (voix, flûtes), au milieu d’un efficace petit orchestre (guitare, bandonéon, contrebasse… ), est une invitation à la mélancolie, à la danse et à l’amour – même quand c’est pour lui dire adieu.
Ce tango-là n’a pas toujours assez le sens de la muerte pour que son secret donne le grand frisson, mais voilà un joli disque, harmonieux et équilibré.

Grégoire Leménager    L’Obs 5/12/2019